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Question ouverte

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Pourquoi protéger la biodiversité est essentiel pour prévenir les épidémies ?

4 min

Description

La qualité de notre santé dépend de celle de la biodiversité.

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1,7 million. C’est le nombre de virus « non découverts » présents dans les mammifères et les oiseaux. Parmi eux, 827 000 pourraient avoir la capacité d'infecter les humains. Alors pour éviter que Covid, Zika, Ebola, Nipah et autres virus ne ravagent la civilisation de plus en plus fréquemment, une chose à faire : protéger la nature.


Depuis plusieurs décennies, les épidémies touchant les humains se multiplient. Soixante-dix pour cent des maladies émergentes et presque toutes les pandémies sont des zoonoses, c’est-à-dire qu’elles sont causées par des pathogènes d’origine animale. « Les corrélations entre l'apparition de certaines de ces maladies infectieuses et la dégradation des écosystèmes par l’homme sont très claires », constate Hélène Soubelet, directrice de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité, dont le siège se situe à Paris.

Le chiffre

827 000

C’est le nombre de virus « non découverts » présents dans les mammifères et les oiseaux qui pourraient avoir la capacité d'infecter les humains

Cas contact

La destruction des espaces naturels – et donc des habitats des animaux – par l’activité humaine (déforestation, utilisation de pesticides, urbanisation galopante, élevage intensif…) constitue l’un des facteurs principaux de développement des épidémies. Les humains se trouvent ainsi davantage en contact avec les espèces sauvages. Et donc avec leurs maladies.

L’exemple de Nipah, qui a émergé en Malaisie en 1998, est emblématique. Certaines chauve-souris frugivores sont les hôtes naturels de ce virus. Lorsque leur habitat a été transformé en plantations de palmiers à huile, les mammifères se sont installés dans un nouveau territoire, près d'arbres fruitiers destinés à nourrir des cochons d’élevage. Le virus est passé chez le cochon puis a contaminé les humains.

« Les espèces animales qui s’adaptent le mieux à des milieux naturels dégradés sont aussi celles qui conservent le plus en elles les pathogènes susceptibles d’être partagés avec les humains », ajoute Hélène Soubelet. « Les moustiques, par exemple, se développent facilement dans les milieux dégradés, notamment là où il y a moins de forêts et de prédateurs ».
 

« Effet de dilution »

A contrario, certaines espèces constituent des « culs-de-sac » pour les pathogènes, ce qui signifie qu’elles ne sont pas favorables à leur développement. Et plus les hôtes et non-hôtes d’un parasite sont nombreux et variés dans un milieu donné, plus la prévalence est faible (les maladies présentes à un moment donné dans une population). C’est ce que l’on appelle l’« effet de dilution ». Ainsi, plus la biodiversité d’un écosystème est forte, moins un pathogène pourra facilement s’y installer.

« Les espèces animales qui s’adaptent le mieux à des milieux naturels dégradés sont aussi celles qui conservent le plus en elles les pathogènes susceptibles d’être partagés avec les humains »

Hélène Soubelet, directrice de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité

Il est donc essentiel de préserver la biodiversité et de protéger les milieux sauvages. « Pour cela, pense Hélène Soubelet, il faudrait d’une part créer des îlots où la biodiversité évoluerait librement, où les contacts avec les humains seraient moindres, et où la chasse et le braconnage ne seraient pas pratiqués. Et d’autre part rendre l’agriculture plus durable et moins délétère pour les écosystèmes. » En somme, préserver le vivant pour protéger les vivants.

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