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En Europe, la forêt gagne du terrain

3 min

Description

En Europe, la surface forestière a augmenté de 0,3 % par an entre 1990 et 2015. Cela peut paraître peu, mais cette augmentation représente tout de même l’équivalent de la surface du Portugal ! Au total, aujourd’hui, 43,5 % des terres de l'Union Européenne, soit près de 182 millions d'hectares, sont constituées de forêts ou de terres boisées, selon la Commission européenne. Une bonne nouvelle ?

Components

Évidemment, la progression de la forêt est une bonne nouvelle. Les bois d’Europe sont le plus grand puits de carbone du continent. Comme l’Institut national de la recherche agronomique (INRAE) français le souligne, “les forêts sont des écosystèmes cruciaux dans la lutte contre le changement climatique grâce à leur capacité à stocker du carbone dans leur biomasse végétale mais aussi dans les sols”.

Chiffres

Selon une étude menée dans le cadre du projet européen CarboEurope, les forêts et prairie européennes stockent 305 millions de tonnes de carbone par an, l'équivalent de 19 % des émissions liées à la combustion des carburants fossiles.

Mais cette réussite est en demi-teinte. Selon cette même étude, cette capacité ne suffit pas à absorber l’augmentation des rejets de gaz à effet de serre émis par le secteur agricole. Et l’exploitation intensive de la forêt pour la production de bois ou de bois-énergie pourrait réduire les capacités d’absorption de carbone de la forêt. 
 

Dans cette “reconquête”, il faut aussi s'intéresser aux essences plantées

La forêt d’Europe est souvent constituée de plantations en monocultures : une seule essence plantée, souvent gérée de manière intensive pour la production industrielle. Or, ce type de plantations recèlent d’importants risques. D’abord car les monocultures sont plus sensibles aux insectes ravageurs. A contrario, des essences diverses constituent des “barrières” naturelles pour ces insectes qui privilégient une seule espèce d’arbre à infester. 

Les forêts mélangées - feuillus et conifères par exemple - semblent aussi plus résistantes et plus résilientes face à des aléas climatiques comme des incendies (qui se multiplient à cause des sécheresses à répétition), ou des tempêtes de vent. 

De nombreuses associations environnementales, comme l’association française Canopée, estiment même qu’on ne peut pas parler de “forêts” concernant les monocultures, car la biodiversité n’y est pas suffisamment importante.

Autre limite : des forêts sont parfois coupées pour produire directement de la biomasse : le bois est récolté et brûlé pour produire de l’énergie, relâchant ainsi quantité du carbone stocké dans l’atmosphère. Une dérive, car l’idée initiale de la production de bioénergie est de recycler  la matière première à faible valeur (sciure de bois, déchets de scierie, ou bois en fin de vie, etc.).

L’enjeu est d’autant plus important que, selon Emmanuelle Neyroumande, manager Forest Product Consumption & Footprint au sein du WWF International, cité sur le site de l’ONG :

“La demande en énergie et matériaux à base de bois devrait tripler à l’échelle internationale entre 2010 et 2050”.

Face à ces enjeux, l’UE a adopté en juillet 2021 une nouvelle stratégie pour protéger et restaurer les forêts à l'horizon 2030. Parmi les objectifs figurent la promotion des pratiques de gestion forestière les plus respectueuses du climat et de la biodiversité, une utilisation optimisée du bois, le recyclage des produits en bois, la stimulation de l’écotourisme, la protection des dernières forêts primaires d’Europe ou la plantation de 3 milliards d’arbres d’ici à 2030. 

Et attention : si la forêt regagne du terrain en Europe, elle en perd ailleurs dans le monde. C’est le cas en Amérique Latine et en Afrique subsaharienne, notamment à cause des modes de consommation (viande rouge, huile de palme, bois exotiques pour les meubles). Pour ne pas étendre les forêts en dévastant celles des autres, une vraie prise de conscience est nécessaire.