Challenge
Hero banner image
Immeuble végétalisé dans une ville
Format
Question ouverte

Hero banner custom title
En ville, toutes les plantes sont-elles bénéfiques pour la biodiversité ?

2 min

Description

La présence de plantes en milieu urbain plait et apporte du bien être aux citadins. Néanmoins, que sait-on de cette végétation qui, malgré le béton, se fraye un chemin dans la ville ? Sont-elles identiques à celles qu’on trouve à la campagne ? Entre les toxiques, les invasives, les allergènes ou encore les non-natives, ces plantes sont-elles toutes bénéfiques pour la biodiversité ?

Components

La ville, terre d’accueil d’espèces natives et exotiques

Les villes du monde entier ont en commun d’organiser l’espace en fonction des besoins et des activités des populations qui y vivent. Ce sont des zones de plus ou moins forte densité, où la prépondérance du bâti a pour corollaire une artificialisation des sols et une superficie d’accueil de la biodiversité limitée. Celle-ci s’implante soit de manière opportuniste, dans les interstices du béton et les friches industrielles, soit de manière programmée, dans les parcs, les squares et les jardins botaniques. Si à première vue les villes semblent donc plutôt restreindre le développement de la biodiversité, elles présentent en réalité des caractéristiques écologiques singulières qui conviennent très bien à certaines espèces, natives ou non.

À retenir

En Europe, l’orpin blanc est par exemple fréquemment utilisé pour végétaliser les toitures tandis que l’agapanthe, originaire d’Afrique du Sud, s’épanouit dans les jardins d’agrément tout en attirant de nombreux pollinisateurs.

Des plantes très variées sont en effet susceptibles de s’établir dans le milieu urbain et d’y prospérer, qu’elles y soient arrivées par le fruit du hasard, d’une politique de végétalisation ou de choix esthétiques opérés par les citadins pour embellir leurs balcons. Mais ce petit monde végétal cohabite-t-il en si bonne harmonie ? Pas tout à fait. Pour Lincoln Garland, directeur associé de Biodiversity by Design, une société de conseil en environnement au Royaume-Uni, il faut tout d’abord faire la distinction entre une espèce native et non-native :

 « Une espèce est définie comme native d’une région ou d’un écosystème donné si sa présence est uniquement le résultat de processus naturels, c'est-à-dire sans intervention humaine ».

Lincoln Garland, directeur associé de Biodiversity by Design

Tandis qu’une espèce non-native est « une espèce qui a été introduite par l’homme, accidentellement ou délibérément, en dehors de son aire de répartition naturelle ». Or, les espèces non-natives s’adaptent parfois mieux aux perturbations provoquées par l’activité humaine (pollution atmosphérique, gaz à effet de serre, réchauffement climatique…) que les espèces natives. Elles peuvent alors concurrencer ces dernières, avec comme conséquence la possible modification de la biodiversité locale, voire son appauvrissement.
 

Tout n’est pas blanc ou noir avec les plantes vertes

Derrière l’étrange acronyme EEE se cachent d’ailleurs les espèces exotiques envahissantes. Leur prolifération dans tous les milieux est considérée comme l’une des menaces les plus importantes pour la biodiversité mondiale selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Les jardins botaniques et le développement des moyens de transport depuis le XIXe siècle ont favorisé leur implantation dans les villes du monde entier. Or parmi ces espèces, certaines sont toxiques. C’est le cas des ailantes, originaires de Chine, qui ont rapidement colonisé tous les pays occidentaux : elles diffusent des toxines par leurs racines et, du fait de leur croissance rapide, freinent le développement de la biodiversité locale. Ou encore de l'argémone mexicaine, une des plantes toxiques pour les humains et les animaux les plus répandues à Bhubaneswar, en Inde.

D’autres espèces invasives mais non toxiques peuvent également poser problème, comme la renouée du Japon qui étouffe les autres plantes en recouvrant le sol d’une dense couverture. Et ces plantes sont aussi très difficiles à réguler. Pour autant, elles ont aussi leurs avantages : la renouée absorbe les métaux lourds présents dans la terre et l’ailante résiste très bien au réchauffement climatique. En d’autres termes, la nuance est de mise quand on aborde la question du rôle de la nature en ville.
 

Comment créer des écosystèmes équilibrés au sein des villes ?

Pour gérer de front la question de la régulation des espèces qui va de pair avec la création d’écosystèmes équilibrés, les stratégies sont multiples. Aux Etats-Unis, l’Invasive Species Council of California a ainsi mis en place en 2009 un comité dont l’objectif est de réduire l’impact écologique, économique et culturel des espèces invasives grâce à des actions de prévention et une meilleure coordination entre organismes publics et citoyens.

À retenir

D’autres programmes et réseaux d’experts se déploient également à l’échelle internationale pour sensibiliser le public aux enjeux de la biodiversité et à la gestion des espèces invasives, à l’instar du Global Invasive Species Programme.

Tandis qu’au niveau européen, les Etats membres ont adopté une stratégie commune afin de protéger la biodiversité.

En ville, cela se traduit notamment par une gestion fine des espaces végétalisés pour reconstituer des écosystèmes profitables au vivant dans sa globalité. Comme l’explique l’architecte-paysagiste française Laure Planchais, la bonne démarche « ce n’est pas forcément de systématiquement planter des arbres comme on l’entend parfois, mais vraiment de planter les bons végétaux aux bons endroits. En fonction des plantes que je choisis, différentes espèces peuvent être attirées et ainsi déclencher des processus de chaîne alimentaire différents. ». Une dynamique à encourager dans une quête permanente d’harmonie.

Pour aller plus loin