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baskets recyclables
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Question ouverte

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Les baskets sont-elles recyclables ?

2 min

Description

Elles sont devenues incontournables, au quotidien, au bureau et même en soirée. Initialement conçues pour le sport, les sneakers représentent un marché de 79 milliards de dollars en 2020, selon une étude menée par Statista. Mais que deviennent-elles en fin de vie ? Sont-elles recyclables?

Components

C’est compliqué. Pour bien comprendre, décortiquons-les. On y trouve une tige (partie supérieure) faite en polyester, coton ou cuir. La languette en textile, souvent remplie de mousse. L’embout, les renforts et contreforts sont en plastique. Et les éléments de la semelle en mousse, caoutchouc et plastique. Sans compter les œillets en métal, véritable cauchemar du recycleur…
 
Soit un mélange complexe. “La spécificité de la basket est qu’on a généralement de très nombreux matériaux différents, jusqu’à 70, parfois des mélanges entre synthétique et naturel. Et souvent les marques ne savent pas ce que le fabricant a mis dans la chaussure”, explique Marie Soudré-Richard, cofondatrice de Revival, une jeune société française qui travaille à l’optimisation du désassemblage des sneakers et recycle les chaussures du tri en matières premières. 
 
Or, plus un produit est complexe, plus il est difficile à recycler, car ses éléments sont difficiles à séparer par un procédé mécanique ! De plus, l’identification des matériaux composants la basket, sujet sur lequel travaille Revival, est central… Mais complexe.
 
Le chemin à parcourir est donc encore très long, le recyclage des baskets n’en est qu’à ses balbutiements. Pour l’instant, pour contourner cette difficulté, les projets se concentrent sur le recyclage de la semelle. Des pistes de solutions émergent, notamment en Europe. 
 
Il y a donc Revival, qui a conçu un processus pour broyer les semelles, puis les extruder en granulats ou en alliages, qui servent à faire des pistes cyclables ou des semelles par exemple.

“Le tout en optimisant le processus dès la réception des vieilles baskets, grâce à un software qui détermine le meilleur équilibre - énergie dépensée pour le process versus énergie économisée grâce à l’utilisation de matières recyclées - selon la composition des semelles”

Marie Soudré-Richard

En France encore, l’école d'ingénieur Estia et le Centre européen des textiles innovants ont lancé en février 2022 le Cetia, une plateforme d'innovation dédiée au tri et au démantèlement automatisé des textiles et chaussures. De grands groupes comme Décathlon et Eram sont ses premiers clients. 
 
Au Pays-Bas, Fastfeetgrinded, soutenue par le gouvernement, a mis au point une machine industrielle capable, selon leurs dires, de traiter 2500 chaussures par heure. Elle sépare mousse, caoutchouc et textile, ensuite valorisés en granulés ou fils. Decathlon ou Asics s’y intéressent. En Allemagne, la société Soex propose aussi un service de séparation de matériaux à l'échelle industrielle.
Certaines marques se mettent aussi sur le filon de la basket recyclée et recyclable. Comme la française TBS, filiale d'Eram, qui propose sa basket Re-Source, “composée à 70% de caoutchouc recyclé”. Elle collecte ses vieilles paires en magasin, puis les broie et les revalorise en matière première de nouvelles baskets au Portugal. Mais aussi une multitude de petites marques qui espèrent ainsi se distinguer. 

Mais les freins sont encore légion. Il reste difficile de trouver des acheteurs pour les matières recyclées issues des baskets. Les filières doivent émerger et s’organiser. Et la conception de nouvelles sneakers à 100% recyclées est encore un défi, en termes de durée de vie de la chaussure notamment. 

Certaines marques travaillent donc à l’éco-conception en simplifiant leur composition. Comme la marque française Caruus : “nous avons créé une basket avec cinq à six catégories de matériaux maximum, qui peuvent être revalorisés ensemble”, explique Benjamin Buquet, son co-fondateur. 

L’autre enjeu est d’augmenter la durée de vie des sneakers. “Notre basket tient deux ans, car elle est fabriquée avec des toiles solides utilisées normalement pour faire des gabardines ou des voiles de bateau, et on ne s’interdit pas de faire du cuir, le plus solide”, ajoute-t-il.

Car attention : parfois, mieux vaut une paire classique qui dure trois ans plutôt que des baskets soient disant “écolo” mais plus fragiles dans le temps.

Vous avez aussi un rôle à jouer : pour augmenter la durée de vie de vos baskets, alternez entre deux paires, choisissez plutôt du cuir et des matières naturelles, vérifiez la qualité de la semelle, et entretenez-les. Certains cordonniers acceptent aussi de leur donner un second souffle !