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L’Europe s’attaque aux substances toxiques

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Description

Plastique PVC, retardateurs de flamme, bisphénols... La Commission européenne a publié, lundi 25 avril 2022, sa “feuille de route” des restrictions de substances chimiques. Plusieurs milliers de substances nocives ne seront plus commercialisées d’ici à 2030, selon les calculs du Bureau européen de l’environnement.

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Elles se retrouvent dans nos vêtements, dans les cartons d’emballages, dans les jouets, les couches, les cosmétiques. Des milliers de substances nocives sont en passe d’être interdites. Eurostat, l’office statistique de l’UE, estime que près de 300 millions de tonnes de substances chimiques sont produites chaque année au sein de l’Union européenne et 74% d’entre elles s’avèrent être "dangereuses pour la santé ou l'environnement", d’après l'Agence européenne de l'environnement.
 
La Commission européenne a adopté sa ‘feuille de route’ dans le cadre de la stratégie “zéro pollution” du Pacte vert européen, et prévoit l’interdiction progressive de familles de produits chimiques. Sara Brosché, conseillère scientifique à l’IPEN : le Réseau international pour l'élimination des polluants, voit cette mesure comme ‘une très bonne première étape vers la protection des citoyens européen’. 

L’interdiction de groupes ciblés rendrait en effet plus difficile le remplacement de ces substances toxiques par des substances de substitution. Mais pour la spécialiste, il faudra aller plus loin.

“Il ne suffit pas de s'assurer que des produits chimiques dangereux ne sont pas présents dans les produits de consommation. Pour y parvenir, une étape clé supplémentaire consiste à introduire des contrôles beaucoup plus stricts lors du processus d'enregistrement REACH .Le manque de données sur les effets à long terme sur la santé humaine ou l'environnement pour la grande majorité des produits chimiques enregistrés aujourd'hui est choquant”

Impact environnemental et sanitaire

L'Union européenne vise plusieurs familles de substances chimiques comme les polychlorures de vinyle (PVC), du plastique très peu recyclable ainsi que leurs additifs à l’instar des per et polyfluoroalkylées (PFAS) et des Phtalates ajoutés par exemple lors du processus de fabrication pour rendre la matière plus souple. On retrouve également les retardateurs de flammes (siège de voiture, matelas, vêtements), les bisphénols ou encore les substances classées comme cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (CMR) dans les produits pour enfants. 

“Ces produits chimiques peuvent provoquer une grande variété d'effets tels que des allergies, des perturbations endocriniennes, des effets sur la reproduction et le cancer. Certains de ces impacts peuvent se produire à de très faibles concentrations, en particulier lorsque des enfants y sont exposés”, résume Sara Brosché. Et si ces composés sont toxiques pour l’homme, ils le sont aussi pour les mammifères, les poissons et les oiseaux. “Certains produits chimiques dangereux tels que les PFAS sont très persistants, c'est-à-dire qu'ils ne se décomposent pas dans l'environnement mais que les concentrations continuent d'augmenter avec l'augmentation des rejets”, explique la conseillère scientifique. 


Se protéger en évitant certains produits

Si consommer responsable semble de plus en plus accessible, il est aujourd’hui très difficile, voire impossible pour les consommateurs de repérer tous les produits chimiques utilisés dans les objets du quotidien. Pour prévenir d’une exposition à ces substances dangereuses, Sara Brosché suggère alors d’éviter les produits à usage unique ou peu durables, à l’instar de la “fast fashion”. Elle conseille également de ne pas utiliser les produits contenant des PFAS, comme des poêles antiadhésives, des textiles résistants à l'eau ou encore du papier résistant à la graisse. Elle préconise également de ne jamais chauffer les aliments dans les récipients en plastique. “Cela augmente la libération des produits chimiques dans le plastique”, précise-t-elle. Globalement, il est préférable de ne pas avoir de récipients en plastique dans sa cuisine. 

Le Bureau Européen de l’environnement considère cette mesure, si elle est appliquée comme “la plus grande interdiction de produits chimiques toxiques”. Selon l’ONG, 5 000 à 7 000 substances devraient être interdites d’ici à 2030.

Presque tous les produits manufacturés dans les magasins et dans nos maisons seront impactés. Bien sûr, l'industrie s'y opposera farouchement. Mais la chimie durable est l'avenir et ils devraient accepter ce sage changement de direction”

Tatiana Santos