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Qu’est-ce que la sobriété énergétique ?

3 min

Description

Dans son dernier rapport, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a mis en avant le rôle des individus pour limiter les effets du changement climatique à travers un levier : la sobriété. Mais que recouvre exactement cette notion ? Comment la mettre en œuvre ? Et à quoi ressemblerait un mode de vie plus sobre en énergie ?

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Sobriété et efficacité énergétique : deux approches complémentaires

Avant tout, il faut préciser que le terme « sobriété » se rencontre surtout en France alors qu’il est inusité dans les pays anglo-saxons. Appliquée à l’énergie, « la sobriété désigne la réduction de nos consommations par des changements de modes de vie, d’usages et de comportements », explique l’expert en maîtrise de l’énergie et porte-parole de l’association négaWatt Olivier Sidler. « Limiter le gaspillage, réduire sa vitesse sur la route, utiliser des objets dimensionnés au plus juste par rapport à nos besoins… sont des actions qui y contribuent ».

En cela, la sobriété diffère de l’efficacité énergétique car elle s’appuie sur des leviers socioculturels et non technologiques pour optimiser les consommations.

« Limiter le gaspillage, réduire sa vitesse sur la route, utiliser des objets dimensionnés au plus juste par rapport à nos besoins… sont des actions qui y contribuent ».

Olivier Sidler, Porte-parole de l’association négaWatt

En cela, la sobriété diffère de l’efficacité énergétique car elle s’appuie sur des leviers socioculturels et non technologiques pour optimiser les consommations. « L’efficacité énergétique, c’est tout ce que la technologie peut apporter pour répondre aux mêmes besoins », précise Olivier Sidler. Pour autant, ces deux approches ne sont pas opposées. Au contraire, elles permettent de réduire la demande en énergie de manière complémentaire. Par exemple, baisser le chauffage de quelques degrés en hiver s’inscrit dans une démarche de sobriété énergétique. Là où on privilégiera l’isolation du bâti pour réguler la température dans une approche d’efficacité énergétique. Dans les deux cas, l’objectif est le même : préserver les ressources terrestres en consommant moins et en consommant mieux.
 

Consommer moins, consommer mieux

La notion de sobriété revêt également des dimensions plurielles. La professeure française de sociologie Marie-Christine Zélem liste ainsi :

  • La sobriété d’usage, qui consiste à diminuer la durée, l’usage ou la fréquence d’utilisation d’équipements énergivores.
  • La sobriété de substitution, soit le remplacement d’un appareil par son alter ego moins énergivore ou la ventilation d’une pièce au lieu de sa climatisation.
  • La sobriété dimensionnelle, qui revient à ajuster l’utilisation et la taille des appareils en fonction de nos besoins, en chauffant par exemple une pièce uniquement quand on l’occupe.
  • La sobriété collaborative, qui mise sur la mutualisation d’équipements pour faire des économies d’énergie – c’est le cas avec l’autopartage.

A propos de ces différents types de sobriété, Marie-Christine Zélem ajoute que « toutes permettent de faire des économies d’énergie sans réduire le confort de nos vies modernes ».  Au-delà des comportements individuels, elle précise aussi que la sobriété peut être mise en œuvre à l’échelle institutionnelle à travers l’outil réglementaire, comme cela a été le cas avec l’interdiction des terrasses chauffées en France.

On l’aura compris, la sobriété est étroitement liée à des changements de comportements individuels et collectifs visant à prioriser les besoins énergétiques essentiels pour réduire la demande. Or ces changements peuvent être perçus comme contraignants, mais qu’en est-il vraiment ?
 

La sobriété est-elle désirable ?

Si la sobriété ne règlera pas tout, elle représente « un gisement d’économie d’énergie de l’ordre de 20-30% par an », souligne Olivier Sidler. Mais pour avoir un impact, un passage à l’échelle est nécessaire, basé sur un changement structurel et culturel plus large.

Le GIEC indique ainsi qu’il est possible de diviser par deux les émissions de CO2 d’ici 2030 à
condition d’adopter des technologies propres couplées à des modes de production et de
consommation plus sobres.

 Et cela de manière systémique afin de pouvoir agir sur l’ensemble des enjeux inhérents au changement climatique.

La notion de sobriété reste cependant clivante car elle peut être perçue comme une forme de renoncement. Or comment convaincre des citoyens habitués à vivre sans se soucier outre mesure de leurs consommations à changer de comportement ? « En les sensibilisant davantage, répond Olivier Sidler. La sobriété n’est pas synonyme de pénurie, elle permet de satisfaire les mêmes besoins différemment, en optimisant nos consommations et en préservant les ressources. Elle peut certes induire un peu de décroissance mais pas moins de bonheur car elle va dans le sens d’une meilleure résilience de nos sociétés. ». De son côté,  l’ADEME, agence française de l’environnement et de la maîtrise de l'énergie, indique que la sobriété ne pourra constituer un levier efficace que si elle s’appuie sur « des scénarios de vie future sobres, mais aussi réalistes et désirables » afin de gagner l’adhésion du plus grand nombre.

Si ces mesures de sobriété, ces « éco-gestes » ne changeront pas la donne à court terme, elles constituent néanmoins un levier important pour accélérer la transition énergétique. Le rôle des pouvoirs publics est en cela essentiel dans la mise en œuvre de mesures incitatives, pour favoriser par exemple le passage à un véhicule électrique, et mobiliser le collectif. Au-delà, la sobriété questionne aussi notre modèle de société et nos aspirations personnelles. Et si bonheur et sobriété étaient liés ?