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Peut-on faire pousser des légumes dans l’eau salée ?

3 min

Description

L’agriculture est très gourmande en eau. Pourtant, s’il y a une dépense en eau dont on ne peut pas se passer, c’est bien celle-ci. Pour réduire le stress hydrique et continuer à cultiver pendant les sécheresses, pourrait-on utiliser l’eau de mer qui représente 97,5% de nos ressources en eau. Agriculteurs, entrepreneurs et scientifiques s’intéressent alors à la culture de plantes comestibles capables de pousser dans l’eau. 

Components

Au Brésil, à une centaine de kilomètres de Rio de Janeiro, Camila Reveles a repris l’exploitation familiale pour produire une drôle de plante : la salicorne. Méconnue dans ce pays, cette plante riche en vitamine A, croquante et iodée, a la particularité de pousser dans les marais salants. “Mon but est de faire pousser des espèces comestibles sans utiliser d’eau douce”, résume l’entrepreneure. 

Cuisinée en salade, en pickles ou en accompagnement, la salicorne qui séduit chefs et fins gourmets a l’avantage de pousser grâce à l’eau salée de la lagune. “Nous utilisons une pompe à énergie solaire pour apporter de l'eau à la serre, où nous pouvons contrôler la salinité et les niveaux d'éclairage”, détaille l’entrepreneure qui compte développer et diversifier son activité. La culture des plantes halophytes a en effet du potentiel puisque plusieurs autres espèces comme la bette maritime, l’obione faux pourpier, aussi appelée ‘chips de mer’ ou encore l’aster maritime sont comestibles.
 

Cultiver des plantes dans l’eau de mer : une réponse au changement climatique

Camila Reveles n’est pas la seule à miser sur la salicorne, à l’instar de Seawater Solutions qui travaille également à faire pousser des plantes dans l’eau salée. Le développement des plantes halophytes est essentiel dans le contexte de changement climatique que nous traversons. La montée des eaux entraîne la salinisation des terres agricoles. 

Chiffre clé

Chaque année, 10 millions d’hectares de terres cultivées doivent ainsi être abandonnées.

Néanmoins, la production alimentaire doit radicalement augmenter (à hauteur de 70%) pour pouvoir nourrir la population mondiale d’ici 2050. Il est donc indispensable d’apprendre à cultiver notre nourriture dans l’eau et les sols salés.
 

Nos aliments de base pourront aussi, un jour, pousser dans l’eau salée 

Alain Perrier, Professeur émérite à AgroParisTech, ne voit pas en la seule culture de la salicorne une solution pour lutter à grande échelle contre la pénurie d’eau douce. “Les hommes ne se contenteront pas de cette nourriture”, précise-t-il au site d’information Atlantico.

“Je pense que c'est la même chose pour les insectes, ils ne seront pas la base de l'alimentation, mais ils peuvent en être une petite partie”.

Alain Perrier, Professeur émérite à AgroParisTech

Si les légumes de mer ne peuvent pas s’imposer massivement dans notre alimentation, chercheurs et entrepreneurs se sont intéressés à d’autres légumes de base et aux céréales indispensables pour garantir la sécurité alimentaire. La betterave ou l’asperge, mais aussi l’orge ou certains types de blé dur, par exemple, se font déjà bien aux sols salés. 

Pour aller plus loin, la start-up canadienne Alora, a élaboré un riz cultivable dans l’eau de mer en réactivant un gène dormant : “Nous avons développé le riz le plus tolérant au sel qui peut être utilisé pour lutter contre la faim dans le monde”, assure l’entreprise. Le riz est en effet un aliment de base pour 4 milliards de personnes et sa production devra augmenter de 20% d’ici 2040, pour faire face à la croissance de la population mondiale. Selon l’institut de recherches agronomiques sur le riz d’eau de mer de Qingdao, si le riz peut pousser dans l’eau salée, 6,7 millions d’hectares de terres initialement considérées comme non fertiles pourront être exploitées.